Agrandissement du Musée
L’architecture du pavillon Pierre Lassonde: un écrin de lumière pour l’art contemporain
Voyez le documentaire réalisé à l'occasion de l'inauguration du pavillon Pierre Lassonde du MNBAQ en 2016. Images d’archives, entrevues, photographies de chantier racontent l’architecture en lien avec son environnement et sa mission muséale.
rencontre avec l'architecte Shohei Shigematsu
Discussion sur le projet d'agrandissement du MNBAQ, du concours international d'architecture à l'inauguration du pavillon Pierre Lassonde. Avec Line Ouellet, directrice et conservatrice en chef du MNBAQ et Shohei Shigematsu, architecte associé et directeur, OMA New York.
Le pavillon Pierre Lassonde
Le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), a ouvert ses portes sur la Grande Allée à Québec, le 24 juin 2016. Résolument tourné vers l’avenir, le nouveau bâtiment de calibre international, quatrième pavillon du complexe muséal conçu par le consortium d’architectes OMA (Office for Metropolitan Architecture), de New York, et Provencher_Roy architectes, de Montréal, transformera la vénérable institution de 83 ans, en unissant comme jamais auparavant, la vie urbaine de la ville de Québec au paysage pittoresque du parc des Champs-de-Bataille.
En permettant au MNBAQ de doubler ses surfaces d’expositions, le nouvel édifice de 14 900 m2 servira désormais de porte d’entrée lumineuse et contemporaine au complexe muséal, qui compte déjà trois pavillons, en plus de le doter d’espaces plus vastes pour présenter ses collections et faire rayonner l’art et les artistes d’ici et d’ailleurs.
Une expérience architecturale unique
Un grand hall vitré sous porte-à-faux
Parmi les éléments spectaculaires du pavillon Pierre Lassonde le mur-rideau du grand hall impressionne avec sa façade vitrée de 26,5 m de large par 12,5 m de haut, abrité sous un imposant porte-à-faux. Des parois de verre, installées perpendiculairement à intervalles réguliers, viennent rythmer verticalement l’impressionnante devanture. Cet espace majestueux sert d’interface avec la Grande Allée et de place urbaine pour les activités publiques du Musée. La façade est à la fois structurelle, thermique et solaire afin de répondre aux besoins, apparemment contradictoires, de lumière naturelle et d’isolation thermique imposées par les rigueurs de l’hiver québécois.
La partie basse du grand hall, avec ses sept mètres de haut, ouvre sur quatre salles destinées aux expositions temporaires ainsi que sur la cour intérieure, la librairie-boutique et l’escalier monumental conduisant au nouvel auditorium.
Le mur de béton du grand hall, formant le nouveau pignon sud-ouest du presbytère, constitue un autre élément architectural unique à Québec. Il a été coulé en un seul bloc, à partir d’un coffrage préalablement construit à l’horizontale très méticuleusement et placé à la verticale à l’aide d’une grue.
Deux escaliers majestueux
L’escalier monumental s’élève sur trois étages au cœur du bâtiment, avec une spirale vertigineuse en trois volées, constitué de quatre pièces d’acier. Un garde-corps en verre courbé permet à tous ceux qui empruntent cet escalier majestueux de vivre une expérience mémorable.
Reliant le deuxième et le troisième étage, l’escalier suspendu Groupe Canam s’avance en saillie et propose une vue à couper le souffle sur le parc avec cette impression de marcher entre ciel et terre.
Cour intérieure remarquable
La cour intérieure, un espace de 500 m2, marie le patrimoine du presbytère et de l’église Saint-Dominique – de style néogothique anglais – aux lignes contemporaines de l’acier et du verre du nouveau bâtiment. L’espace public semi-couvert accueille l’œuvre de Ludovic Boney, Une Cosmologie sans genèse, réalisée à l’issue du Concours national d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement, organisé par le ministère de la Culture et des Communications en collaboration avec le MNBAQ. Les rondeurs du mobilier de granit gris clair font écho à un des éléments de l’œuvre monumentale de Boney, une immense sphère constituée de 800 cônes d’aluminium.
Une terrasse côté fleuve
Au troisième niveau, côté sud, une terrasse pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes permet de découvrir une sculpture de bronze de Patrick Coutu, Le jardin du sculpteur, réalisée grâce à une contribution de la Fondation Monique et Robert Parizeau. Cette perspective privilégiée permettra non seulement d’admirer le paysage et d’avoir une vue imprenable sur les trois autres pavillons du complexe muséal et le fleuve Saint-Laurent, mais également d’apprécier la beauté des toits verts, où 90 000 plants ont été transplantés. Cinq sortes de plantes grasses résistantes reproduisent un motif de courbes de niveau rappelant le relief environnant.
Du verre, du verre et encore du verre
Le verre enveloppe véritablement tout le bâtiment. Trois sortes de panneaux de verre – transparent, translucide et opaque – ont été choisies méticuleusement par les architectes pour jouer avec cette impression de dehors dedans, mais aussi pour répondre aux objectifs d’un bâtiment performant d’un point de vue énergétique, c’est-à-dire en suivant les principes du développement durable, grâce aux verres anti-UV traités thermiquement. Les architectes ont choisi de texturer certains panneaux de verre dans les portions translucides et opaques. Des motifs en forme de points ont été sérigraphiés, créant un effet d’optique délicat, pour suivre les composantes de l’imposante structure d’acier du bâtiment. Les murs isolés des salles d’exposition alternent avec les éléments de vitrage translucide, permettant l’illumination de l’édifice la nuit, agissant comme une lanterne dans le parc.
Percées de lumière naturelle
Le parcours du pavillon est ponctué d’espaces lumineux donnant accès aux salles d’exposition. Tout comme les espaces de circulation, les salles d’exposition offrent des percées visuelles permettant au visiteur de rester en contact avec le parc, la ville et les autres bâtiments du complexe muséal au fil de sa visite. Ces perspectives permettent à la lumière naturelle d’entrer, fait rarissime dans les musées d’art, pour dynamiser l’expérience du visiteur, pour lui permettre de toujours être en dialogue avec l’environnement extérieur.
Un projet pluripartite exemplaire
Rappelons que la réalisation du pavillon Pierre Lassonde a été rendue possible grâce au gouvernement du Québec (contribution de 45,1 millions de dollars dans le cadre du Plan québécois des infrastructures), au gouvernement du Canada (contribution de 33,7 millions de dollars dans le cadre du volet Grands projets du Fonds Chantiers Canada) et au secteur privé (contribution de 24,6 millions de dollars) grâce à l’engagement et au dynamisme de la Fondation du MNBAQ. La contribution du secteur privé à ce projet unique en a fait le plus important projet de mécénat culturel de l’histoire de la ville de Québec. À cet effet, il faut mentionner le don fondateur de 10 millions de dollars de Pierre Lassonde, un geste philanthropique inspirant, ainsi que la contribution exemplaire de la ville de Québec de 5 millions de dollars et remercier du même souffle des centaines de généreux donateurs du Québec, tant les entreprises que les individus. Sous la direction de Line Ouellet, la réalisation de ce bâtiment d’exception a mis à contribution l’équipe de l’agrandissement, dirigée par Richard Hébert, les firmes d’architectes OMA et Provencher_Roy Architectes ainsi que l’entreprise de construction EBC.
Le pavillon Pierre Lassonde est le résultat d’un premier concours international d’architecture à Québec. Il deviendra le centre névralgique du tout nouveau Quartier des arts, et fera rayonner non seulement le quartier et la ville, mais aussi la province et le pays, à l’échelle internationale.